En todo, amar y servir

Todos los países tienen su folklere. Es, pues, normal y aun deseable que Haití tiene el suyo.

lunes, septiembre 26, 2011

Vaudou Lakou: réguler, obéir et punir

Vaudou Lakou: réguler, obéir et punir

Le lakou est l'organisation dont s'est donné le paysannat haïtien lors de sa conquête libre du sol, après l'indépendance. Le lakou s'aménage en une unité de résidence, de production et de descendance des lwa, des ancêtres et des vivants. Le patrimoine ne se compose pas seulement du foncier, il comprend également le spirituel. Travailler la terre se fait sous la protection des esprits; et la manière de se comporter n'échappe pas à l'oeil de l'aïeul. La filiation ne ressortit pas uniquement au biologique; elle s'assortit également au sacré. Les membres de la parentèle ne sont pas libres de leurs actes et de leurs mouvements. Ils ont des obligations à y répondre, sous peine de sanction. Ils ont à nourrir et à remercier les lwa et les ancêtres en échange de leur héritage et de leur protection.
C'est au serviteur qu'incombe la gestion des biens du sacré. Il est le médiateur ente les lwa,les ancêtres et les héritiers, Il a été choisi par eux. Tous les membres ont à concourir au frais des cérémonies en versant au serviteur des parts de la récolte et de l'argent.

Les cérémonies ne constituent pas seulement le moment d'une commensalité qui crée une fraternisation entre les sacrifiants et les lwa, mais tout aussi bien le lieu d'une fraternité vécue entre ceux-là.

Le fait religieux, culte des ancêtres, croyances et rites aux lwa, représente l'instance de régulation de l'organisation du lakou. Il oriente la conduite des croyants en leur faisant accroire en la transparence des comportements. Il trace une frontière entre le possible et l'interdit, en soudant une solidarité de type primaire ou mécanique ( Durkheim ) .

Solidarité qui n'est pas cependant pas que symbolique. Le problème principal auquel était confronté le lakou résidait en l'acuité à trouver de la main-d'oeuvre disponible. Étant donné que la force principale du travail était l'énergie humaine, l'inexistence d'outils ayant une force motrice pouvant démultipliée la force humaine faisait que la production agricole reposait sur la grande quantité de force de travail qu'on devait employer dans le procès de travail. Et ce d'autant plus que la polyculture exigeait un calendrier agricole assez chargé et s'étalant pratiquement sur toute l'année. La main d'oeuvre familiale, au niveau du ménage, ne suffisait pas à elle seule aux travaux des champs. Le besoin d'une main d'oeuvre abondante se faisait sentir urgemment aux périodes des travaux agricoles.

S'échanger du travail, c'était également participer à son fruit lors des cérémonies rituelles où des offrandes alimentaires issues de la récolte sont toujours adressées aux esprits et où l'on procède à la distribution de victuailles aux participants. Le travail en commun, c'est aussi le repas en commun accompli dans le cadre du travail religieux et festif, à base de réciprocité. Mais ne se leurre-t-on pas en ne l'apercevant que sous cet angle ?

Pouvoir des esprits, médiation du serviteur et soumission à l'héritage sacré

Certains auteurs ont avancé que le père fondateur du lakou était à la fois le chef lignagier et le chef religieux. Cette hypothèse ne peut être validée que pour le père fondateur. À sa mort, se posait la question de sa succession. Il est difficile de soutenir qu'a été retenu le principe de séniorité : le plus âgé succède au patriarche décédé. L'hypothèse d'un choix strictement religieux apparaît beaucoup plus pertinente : les lwa font choix de leur serviteur. Et c'est sa compétence religieuse qui l'habilite à détenir son autorité; autorité qui ressortit fondamentalement à l'ordre religieux.

Les membres du lakou ratifient le choix des lwa : ceux-ci délivrent au serviteur son brevet de compétence en matière du sacré. L'infaillibilité lui est impartie. Détenteur du monopole d'intercession entre les esprits, il incarne le savoir mystique de la parentèle. Toute lacune révèle qu'il a usurpé sa fonction sinon que les esprits l'ont abandonné. Le serviteur remplit certes une fonction d'autorité, néanmoins il n'est pas porteur d'une fonction de puissance : ce pouvoir appartient aux esprits. Le serviteur reçoit de ceux-ci des ordres et transmet à eux les demandes qui émanent des "vivants". D'ailleurs l'oeil des esprits veille à tout et aucun secret n'y échappe à leur regard ni à leur connaissance de la vie quotidienne de tout un chacun.

Le phénomène qui illustre le pouvoir des lwa est la punition appelée sèp. Les personnes fautives, pour une raison ou pour une autre, retarder le moment venu de s'initier ( sèvis tèt ), mauvaises conduites, etc., sont frappées d'interdit de participation aux cérémonies rituelles; interdit qui se manifeste sous forme de paralysie. Les personnes punies ne peuvent plus bouger. Elles peuvent se trouver au ras-du-sol, soit allongées par terre en ayant leurs pieds attachés l'un à l'autre, mais ne pouvant se déplacer comme si ceux-ci étaient enchaînés; elles peuvent rester aussi accrochées sur des branches d'un arbre.

Le sep, quel qu'en soit sa forme, exprime le pouvoir de coercition dont détiennent les lwa : obéir à ses désirs n'est pas facultatif. On y est contraint. Les sévices corporels et la honte sociale qui accompagnent les gens qui y sont frappés en administrent la preuve. Tout le monde sait qu'on a commis des infractions. La levée de la peine incombe au serviteur. Il prend sa décision suivant la gravité du délit lisible suivant la sévérité du châtiment et du lwa qui l'a ordonné. Son intervention met fin à l'enchaînement. Les personnes ne sont plus entravées en leur déplacement; la communication se rétablit.

L'héritage sacré ( Cinéas,1945 ) est donc obligé; s'en dérober constitue une déviance, qui est chèrement payée. Les membres du lakou sont attachés à jamais à leurs esprits et à leur terroir. Ils peuvent certes quitter leur lieu de résidence et de production, mais ils demeurent toutefois lier à leur de descendance, filialement et mystiquement. Le corps et le territoire se confondent, Ainsi est surmontée, symboliquement, la contradiction entre l'indivision mystique, l'unicité des lwa, des ancêtres, des vivants et du territoire sous le mode du sacré et la contrainte juridique, l'appropriation privée du lieu de production et de résidence, la libre disposition de sa force de travail.

Immobilité verticale et mobilité sociale

La communication dans le lakou est verticale : les esprits, le serviteur et les membres de la race. Si le lakou s'apparente au mode de production lignagier, il s'en diffère au moins sur un facteur fondamental : le centre du pouvoir n'existe pas dans le lakou. Il n'y a pas un chef de lignage. La fonction de chef est dévolue aux esprits qui, eux, se manifestent en épousant mystiquement et sous leur injonction des membres du lakou. C'est l'intrication des rapports relgieux et de parenté qui régulent l'organisation sociale du lakou. Mais cette société de la participation ne va pas échapper aux contradictions qui minent le lakou. La territorialisation et la codification du corps qui architecturent le lakou vont être minées par la reterritorialisatio n et la recodification permanentes qui sont constitutives du capitalisme.

Dans le lakou, le contrôle des personnes et la limitation de leur désir s'effectuent par leur lien au sol et la codification de leurs comportements qui positionnent leur place, tracent leurs devoirs et obligations dans la lignée en marquant sur leur corps même leur rôle. Or, si le lien au sol était fondé lors de la structuration et de la consolidation du lakou, il en devient par la suite un obstacle avec le croît démographique, le ratio terre/personne pose problème. La croissance démographique exige exige soit le morcellement des terres, soit la colonisation des terres nouvelles ou des mutations techniques et l'exode rural. En outre, le lakou est pénétré par l'économie marchande, le droit civil et la propriété privée. Ainsi les tensions s'exacerbent- elles entre les deux caractéristiquues du l'accu : l'indivision mystique qui soude le sol et le sang, la race, et la propriété privée qui est au fondement de la mobilité du corps..

L'issue , aux contradictions du vaudou,est l'exode rural; exode rural qui s'accompagne également de la migration et de la mutation du vaudou, Hors de son cadre social fondateur, de nouvelles figures configurent désormais le vaudou. Et une nouvelle politique s'instaure qui n'est plus liée à l'adhésion primaire et à la participation totale;et la fidélité tend dorénavant à être élective; le contrôle du corps et du territoire va émaner du vaudou temple et des sociétés secrètes : c'est la fluidité du corps.